vendredi 16 octobre 2009

30 juillet 1914

J'ai écouté la voix des vagues et elle m'a conté bien des merveilles. Elle m'a parlé de la joie de vivre et des extases du mouvement.

Ô mer, tu m'as redit en un cantique sans fin et sans cesse renouvelé la puissance d'amour qui rend vraies toutes choses. En contemplant la splendeur de ton action invincible, j'ai perçu l'irrésistible élan emportant l'univers vers la Suprême Réalité; la force qui te soulève et change en montagnes ta surface n'est-elle point semblable à celle qui fait sortir le monde de son inertie pour faire naître en lui l'aspiration vers le Divin.

Puis à mesure que dans le silence je te regardais, plus profondément encore tu m'as parlé, et tu m'as dit le grand mystère de l'Amour éternel s'aimant en toutes les formes, se révélant à lui-même dans toutes les activités. Déjà en mon être cet ineffable Amour vivait conscient de lui- même, mais à cette heure-là sa vie revêtit une exceptionnelle intensité, ou peut-être la perception individuelle fut d'une exceptionnelle clarté.

Ô Seigneur adorable, Souverain Maître du monde, Toi qui étant tout possèdes et jouis de tout, as-Tu, à cet instant de Ton éternité, jeté un plus précis regard vers nous pour que nous soyons ainsi baignés d'une telle magnificence d'amour, ou bien as-Tu, dans l'humble instrument de cet être fugitif et limité, voulu goûter de façon plus forte et complète, plus intense et précise Ta propre joie d'être et de Te manifester ? Tout s'est soudain éclairé de l'inexprimable beauté de Ta Vérité et dans le miroir de la conscience individuelle Tu as réfléchi l'infinie variété des modes d'expression propre de Ton être qui est Amour.

Douleur et jouissance s'unissaient à se confondre en une extase qui semblait devoir consumer l'être de ses flammes ardentes. Oh, que ce quelque chose de Toi qui s'est cristallisé en ce que j'appelle mon être T'a bien compris et T'a puissamment aimé en ces instants inoubliables. Toutes les barrières de la pensée et de la sensation avaient disparu, consumées par l'ardeur de Ton feu divin et ce fut bien Toi-même en cet instant qui jouis de Ton éternelle et infinie présence en tout. Tu fus toutes les actions et toutes les résistances, toutes les sensations et toutes les pensées, celui qui aime et celui qui est aimé, ce qui se donne et ce qui reçoit en une inépuisable et mouvante harmonie.

J'ai écouté le cantique des vagues et il m'a conté de bien grandes merveilles.

3 commentaires:

YANNICK SCHWARZ a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
YANNICK SCHWARZ a dit…

Bonjour Adi,

Est-ce un poème de mère, ou une traduction de Sri Aurobindo ?

Dans tous les cas, merci de mettre à disposition ces textes... permettant de s'immerger dans une conscience plus vaste.

Amicalement Yannick

adileck a dit…

Salut Yannick,

C'est un extrait des Prières et Méditations de Mère mais ces textes sont déjà à disposition chez www.sriaurobindoashram.info