dimanche 30 novembre 2008

Commentaire du 20 septembre 1957

" Il m’a insulté, il m’a frappé, il m’a humilié, il m’a volé ". Ceux qui ne nourrissent pas de telles pensées n’entretiennent pas la haine.

Ceci est la contrepartie de ce que nous avons lu l’autre jour, mais notez qu’il n’est question ici que des pensées qui produisent le ressentiment. C’est parce que la rancune, avec la jalousie, est l’une des causes les plus répandues de la misère humaine.

Mais comment ne pas avoir de rancune ? Un coeur vaste et généreux est certainement le meilleur moyen ; mais ce n’est pas à la portée de tous. Le contrôle de sa pensée peut-être d’un emploi plus général.

Le contrôle de la pensée est la troisième étape de notre discipline mentale. Une fois que le juge éclairé de notre conscience aura discerné entre les pensées utiles et les pensées nuisibles, viendra la police intérieure qui ne laissera passer que les pensées agréées et refusera strictement l’admission à tout élément indésirable.

D’un geste magistral, cette police fermera l’entrée à toute pensée mauvaise et la repoussera aussi loin que possible. C’est ce mouvement d’admission et de refus que nous appelons le contrôle de la pensée, et ce sera l’objet de notre méditation ce soir.

20 septembre 1957

Commentaire du 13 septembre 1957

" Il m’a insulté, il m’a frappé, il m’a humilié, il m’a volé ". Ceux qui nourrissent de telles pensées n’apaisent point leur haine.

Le Dhammapada nous a dit tout d’abord que les mauvaises pensées amènent la souffrance et que les bonnes pensées amènent le bonheur. Maintenant, il nous donne des exemples de ce que sont les mauvaises pensées et il nous dit comment éviter la souffrance. Voici le premier exemple, je répète : " Il m’a insulté, il m’a frappé, il m’a humilié, il m’a volé. " Et il ajoute :
" Ceux qui nourrissent de telles pensées n’apaisent point leur haine."

Nous avons commencé notre discipline mentale en nous basant sur les étapes successives du développement mental et nous avons vu que cette discipline comportait quatre mouvements consécutifs que nous avons ainsi décrits, si vous vous souvenez bien : observer, surveiller, contrôler et maîtriser ; et, lors de la dernière leçon, nous avons appris — je l’espère — à nous détacher de nos pensées afin de pouvoir les observer comme un spectateur attentif.

Aujourd’hui, il nous faut apprendre à surveiller ces pensées. D’abord, on les regarde, puis on les surveille. Apprendre à les regarder comme un juge éclairé afin de discerner entre les bonnes et les mauvaises, entre les pensées utiles et celles qui sont nuisibles, entre les pensées constructrices qui mènent à la Victoire et les pensées défaitistes qui nous en éloignent. C’est ce pouvoir de discernement que nous devons acquérir maintenant et qui fera l’objet de notre méditation de ce soir.

Comme je vous l’ai dit, le Dhammapada nous donnera des exemples, mais les exemples ne sont que des exemples. Il faut que nous-mêmes apprenions à discerner les pensées qui sont bonnes de celles qui ne le sont pas, et, pour cela, il faut regarder, j’ai dit comme un juge éclairé, c’est-à-dire avec autant d’impartialité que possible ; c’est l’une des conditions les plus indispensables.

13 septembre 1957

Commentaire du 6 septembre 1957

En toutes choses, l’élément primordial est le mental. Le mental est prédominant. Tout se fait par le mental. Si un homme parle ou agit avec un mental purifié, le bonheur l’accompagne d’aussi près que son ombre inséparable.

C’est la contrepartie de ce que nous avons lu la dernière fois. Le Dhammapada oppose à un mental mauvais un mental purifié. Nous savons déjà qu’il y a quatre stades successifs pour la purification du mental. Un mental purifié, c’est naturellement un mental qui n’accepte aucune pensée mauvaise, et nous avons vu que la maîtrise complète de la pensée, qui est nécessaire pour obtenir ce résultat, est le dernier accomplissement dans les quatre stades dont je vous ai parlé. Le premier, c’est : observer le mental.

Ne croyez pas que ce soit chose si facile, parce que, pour observer ses pensées, il faut d’abord se détacher d’elles. Dans l’état ordinaire, l’homme ordinaire ne se distingue pas de ses pensées. Il ne sait même pas qu’il pense. Il pense par habitude. Et si on lui demande subitement : " À quoi penses-tu ? " il n’en sait rien. C’est-à-dire que quatre-vingt-quinze fois sur cent il vous répondra : " Je ne sais pas ". Il y a identification totale entre le mouvement de la pensée et la conscience de l’être.

Pour observer la pensée, le premier mouvement est donc de se reculer et de la regarder, de se détacher de ses pensées, que le mouvement de la conscience et celui de la pensée ne soient pas confondus. Ainsi, quand nous disons qu’il faut observer ses pensées, ne croyez pas que ce soit si simple ; c’est un premier pas. Je propose que, ce soir, pendant notre méditation, nous fassions ce premier exercice qui consiste à se tenir en arrière de sa pensée et à la regarder.

6 septembre 1957

Commentaire du 30 août 1957

Chaque vendredi, je vous lirai quelques versets du Dhammapada, puis nous méditerons sur ce texte. C’est pour vous apprendre le contrôle mental.Si je pense que c’est nécessaire, je vous donnerai une explication. Le Dhammapada commence par des versets conjugués ; voici le premier d’entre eux :

En toutes choses, l’élément primordial est le mental. Le
mental est prédominant. Tout provient du mental.

Naturellement, il est question de la vie physique ici, il n’est pas question de l’univers. Si un homme parle ou agit avec un mauvais mental, la souffrance le suit d’aussi près que la roue suit le sabot du boeuf tirant le char. C’est-à-dire que la vie humaine ordinaire, telle qu’elle est dans le monde actuel, est gouvernée par le mental, et, par conséquent, la chose la plus importante est de contrôler son mental ; c’est pourquoi nous allons suivre une discipline graduée, ou " conjuguée " selon l’expression du Dhammapada, pour développer et contrôler notre mental.

Il y a quatre mouvements qui sont généralement consécutifs, mais qui finalement peuvent être simultanés : observer ses pensées, c’est le premier ; surveiller ses pensées, c’est le second ; contrôler ses pensées, c’est le troisième ; et maîtriser ses pensées, c’est le quatrième. Observer, surveiller, contrôler, maîtriser. Tout cela pour se débarrasser d’un mauvais mental, parce qu’il nous est dit que l’homme qui agit et parle avec un mauvais mental est suivi par la souffrance d’aussi près que la roue suit le sabot du boeuf quand il laboure ou tire le char.

30 août 1957

samedi 22 novembre 2008

Entretien de Mère du 17 août 1955

Cet entretien est basé sur le chapitre III de Lumières sur le Yoga, " soumission et ouverture ".

Qu’est-ce que c’est, « la libération de l’être psychique » ?

Parce qu’on a l’impression — ça c’est une impression qu’on a très souvent au début de la sâdhanâ — que l’être psychique est comme enfermé dans une sorte de carapace, de prison, et que c’est ce qui l’empêche de se manifester extérieurement et d’entrer en rapport conscient et constant avec la conscience extérieure, avec l’être extérieur. On a tout à fait l’impression que c’est comme enfermé dans une boîte, ou dans une prison, avec des murs qu’il faut briser, ou une porte qu’il faut forcer pour pouvoir entrer. Alors naturellement, si on peut briser les murs, ouvrir la porte, ça libère cet être psychique qui était fermé et qui peut se manifester extérieurement. Tout ça, ce sont des images. Mais chacun naturellement a son image personnelle, son procédé personnel, mais avec de petites variantes.

Il y a certaines de ces images qui sont très générales pour tous ceux qui ont fait l’expérience. Par exemple, quand on descend dans les profondeurs de son être pour trouver le psychique tout au fond de sa conscience, il y a cette image de descendre dans un puits profond, de plus en plus descendre, descendre, et c’est comme si vraiment on s’enfonçait dans un puits.

Naturellement tout ça, ce sont des analogies ; mais ce sont des associations d’impressions avec l’expérience qui donnent beaucoup de force et de réalité concrète à l’expérience.

Comme quand on va à la découverte de son être intérieur, de toutes les différentes parties de son être, on a très souvent l’impression qu’on pénètre dans une salle ou une chambre, et suivant la couleur, l’atmosphère, les choses qu’elle contient, on a la perception très claire de la partie de l’être qu’on est en train de visiter. Et alors, on peut passer d’une chambre à l’autre, ouvrir des portes et passer dans des pièces de plus en plus profondes, qui ont chacune son caractère propre. Et souvent, ces visites intérieures, on peut les faire dans la nuit. Alors ça prend une forme encore plus concrète, comme un rêve, et on a l’impression qu’on entre dans une maison, et cette maison vous est très familière.

Et suivant les moments, les époques, elle est différente intérieurement, et quelquefois elle peut être dans un état de très grand désordre, de très grande confusion, où toutes les choses sont entremêlées ; il y a même quelquefois des choses brisées ; c’est tout un chaos. À d’autres moments ces choses-là s’organisent, sont mises à leur place ; c’est comme si on avait fait le ménage, on nettoie, on range, et c’est toujours la même maison. Cette maison, c’est l’image, une sorte d’image objective de votre être intérieur. Et suivant ce que vous y voyez ou ce que vous y faites, vous avez une représentation symbolique de votre travail psychologique. C’est très utile pour concrétiser. Cela dépend des gens.

Il y a des gens qui sont seulement des intellectuels, pour qui tout se traduit par des idées et pas par des images. Mais dès qu’on descend dans un domaine plus matériel, eh bien, on risque de ne pas toucher les choses dans leur réalité concrète et de rester seulement dans le domaine des idées, de rester dans le mental et d’y rester indéfiniment. Alors, on croit qu’on fait des progrès, et mentalement on en a fait, quoique ce soit une chose absolument indéfinie.

Le progrès du mental peut durer des milliers d’années, parce que c’est un champ très vaste et très indéfini, et qui se renouvelle constamment. Mais si on veut progresser dans le vital et dans le physique, eh bien, cette représentation imagée devient très utile pour fixer l’action, pour la rendre plus concrète. Naturellement, ça ne se fait pas tout à fait à volonté ; cela dépend de la nature de chacun. Mais ceux qui ont le pouvoir de se concentrer dans des images, eh bien, ils ont une facilité de plus.

S’asseoir en méditation devant une porte fermée, comme si c’était une lourde porte de bronze — et on s’assoit devant, avec la volonté qu’elle s’ouvre — et passer de l’autre côté ; et alors toute la concentration, toute l’aspiration se rassemble dans un faisceau et va pousser, pousser, pousser contre cette porte, et pousser de plus en plus avec une énergie croissante, jusqu’à ce que tout d’un coup elle craque, et on entre. Ça donne une impression très puissante. Et alors, on est comme précipité dans la lumière, et on a la pleine jouissance d’un changement soudain et radical de conscience, avec une illumination qui vous saisit tout entier, et l’impression qu’on devient une autre personne. Et ça c’est une façon très concrète et très puissante d’entrer en contact avec son être psychique.

Douce Mère, ici Sri Aurobindo dit que la conjonction de l’être psychique et de la conscience supérieure est le principal moyen d’obtenir la siddhi. Ordinairement, est-ce qu’il n’y a pas une conjonction entre l’être psychique et la conscience supérieure ?

Ordinairement veut dire dans la vie ordinaire ? Un rapport entre l’être psychique...

Oui.

C’est presque, presque totalement inconscient.

Dans la vie ordinaire, il n’y a pas une personne sur un million qui a un rapport conscient avec son être psychique, même momentané. L’être psychique peut travailler du dedans, mais d’une façon tellement invisible et tellement inconsciente pour l’être extérieur, que c’est comme s’il n’existait pas. Et dans la plupart des cas, l’immense majorité, la presque totalité des cas, il est comme endormi, pas actif du tout, dans une sorte de torpeur.

C’est seulement avec la sâdhanâ et un effort très persistant qu’on arrive à avoir un rapport conscient avec son être psychique. Naturellement, il se peut qu’il y ait des cas exceptionnels — mais ça, c’est vraiment exceptionnel, et c’est en si petit nombre qu’on pourrait les compter — où l’être psychique est un être entièrement formé, libéré, maître de lui-même, et qui a choisi de revenir sur terre, dans un corps humain, pour faire son travail. Et dans ce cas-là, même si la personne ne fait pas consciemment de sâdhanâ, il se peut que l’être psychique soit assez puissant pour établir un rapport plus ou moins conscient. Mais ce sont des cas pour ainsi dire uniques et qui sont les exceptions qui confirment la règle.

Dans presque tous les cas, il faut un effort très, très soutenu pour prendre conscience de son être psychique. Généralement il est considéré que si on met trente ans pour le faire, on est très heureux — trente ans d’effort soutenu, je dis. Il peut se faire que ce soit plus rapide. Mais c’est tellement rare qu’immédiatement on dit : "Cet être-là n’est pas un être humain ordinaire". C’est le cas des gens qui ont été considérés comme des êtres plus ou moins divins et qui ont été des grands yogis, des grands initiés.

(silence)

Vous voulez une concentration, une méditation ?

Je propose qu’on éteigne la lumière... cette lumière-ci, celle-là au-dessus de ma tête, parce que les insectes sont très nombreux.

(méditation)

samedi 1 novembre 2008

Prière pour ceux qui veulent servir le Divin



Gloire à Toi, Seigneur, triomphateur de tous les obstacles.
Permets que rien en nous ne fasse obstacle à Ton oeuvre.
Permets que rien ne retarde Ta manifestation.
Que Ta volonté soit faite en toute chose et à tout moment.

Nous sommes devant Toi pour que Ta volonté
s’accomplisse en nous, dans tous les éléments,
toutes les activités de notre être, depuis les hauteurs suprêmes,
jusqu’aux moindres cellules de notre corps.

Permets que nous Te soyons entièrement et éternellement fidèles.
Nous voulons être complètement sous Ton influence,
à l’exclusion de toute autre.
Permets que nous n’oubliions jamais de T’être
profondément et intensément reconnaissants.

Permets que nous ne gaspillions jamais rien de toutes les choses
merveilleuses que Tu nous donnes à chaque instant.
Permets que tout en nous collabore à Ton oeuvre,
que tout soit prêt pour Ta réalisation.

Gloire à Toi, Seigneur, Réalisateur Suprême.
Donne-nous une foi ardente, active, absolue,
inébranlable en Ta VICTOIRE.

Douce Mère, Le 23 octobre 1937, Prières et Méditations